dimanche 8 septembre 2013
3D TV : stop ou encore ?
Que devient la télévision en 3D stéréoscopique ? Après les annonces tonitruantes de 2010-2011, et à la suite de différentes expériences menées par les chaines de télévision de par le monde, on peut répondre : rien. Les uns après les autres, les grands networks, aussi bien américains, asiatiques ou européens, ont mis le couvercle sur ce qui semblait être, pour certains, un nouvel eldorado capable de doper les ventes de téléviseurs et le marché de la production télé.
Dernier grand réseau en date : la BBC arrête pour le moment la production et la diffusion de programmes en 3D séréoscopique, et le dernier tournoi de Wimbledon pourrait avoir été celui chargé de clore la liste.
En cela la BBC ne fait que rejoindre d'autres grands networks, tels que ESPN, l'un des premiers à s'être lancé dans la diffusion de programmes en relief et qui, aujourd'hui, après avoir arrêté la production en 3Ds, se montre désormais réticent à s'embarquer dans le développement de l'Ultra-HD ou Quad-HD, selon la dénomination que l'on préfère. Chat échaudé craint l'eau froide, n'est-ce pas...
Déjà, fin 2011, on pouvait sentir poindre une inquiétude dans la préface écrite par Yves Pupulin, stéréographe et fondateur de Binocle, pour l'ouvrage de Benoit Michel, La Stéréoscopie Numérique : "Quelle sera la pérennité du renouveau actuel de la stéréoscopie? La question fait débat. Après de grands succès publics comme Avatar, on observe certains atermoiements. A quoi sont-ils dus? A une lassitude précoce du public ? Aux déceptions provoquées par de mauvais films et captations ? Au surcoût des dispositifs de visualisation? A l'inconfort ou au poids des lunettes? A l'immaturité des outils de prise de vues, de postproduction ou de diffusion? A la gêne cérébrale causée par les flux non ou mal corrigés? A l'approximation liée à la faible expérience des techniciens et cinéastes en matière de mise en scène stéréoscopique?"... A vrai dire, j'ai presque envie d'ajouter : un peu de tout ça, et même plus encore grâce à la vérification (une fois de plus) de l'adage qui dit qu'on ne fait pas du neuf avec du vieux, et que ce n'est pas la remise au goût du jour des recettes du Hollywood des années 1950 qui allaient constituer la nouvelle potion magique capable de revigorer les industries de l'audiovisuel.
La réalité, il faut bien le redire pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris, c'est que la télévision classique, vecteur principal de développement pour la production audiovisuelle en Europe, est désormais sur une pente descendante, de plus en plus glissante au fur et à mesure que s'affirment la place et le rôle joués par ses principaux concurrents sur le réseau mondial, j'ai nommé : Internet. La fable de la "TV connectée" (nouvel avatar brandi par les marchands de récepteurs) n'y changera rien. On sait que désormais les principaux consommateurs - et producteurs, ne l'oublions pas - d'images et de sons, à savoir les "jeunes" de 12 à 35 ans, ont déserté les réseaux classiques pour se ruer sur le Web. Pour quoi faire, avec quelles perspectives ? C'est déjà une autre histoire et, de même que personne n'a été capable de prévoir que le réseau ARPANET deviendrait un jour Internet, gageons que, une fois encore tous nos joyeux prospecteurs du futur monde de la marchandise et du spectacle vont se fourrer le doigt dans l'œil jusqu'au coude - et même plus loin encore...
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