Un bref retour sur la mise à jour des codecs des caméras PMW-300 et PMW-400, à la lumière aussi de l'arrivée sur le marché de deux autres caméras de "reportage", les PXW-X180 et PXW-X160. Je me contente, plus ou moins, de suivre ce qu'a écrit à ce sujet David Shapton, excellent contributeur au site Red Shark News.
Cette mise à jour permet à ces deux caméras d'enregistrer désormais avec le nouveau codec XAVC HD en Intra (I-frame) et avec un débit de 100 Mbits/sec. Codage sur 10 bits et sous-échantillonnage couleur en 4:2:2. Autant dire que ces caméras disposent désormais (sur le papier) de capacités d'enregistrement en interne équivalentes au ProRes HQ. L'enregistrement en intra-image signifie que chaque image est codée sans avoir besoin de recueillir de l'information d'une image précédente ou suivante - ce qui est encore le cas avec l'option XAVC Long GOP HD 4:2:2 à 10 bits, également présente sur ces caméras.
Sony présente son codec XAVC Intra comme ayant la même qualité qu'un ProRes HD à 220 Mbits/sec. C'est à dire "visually lossless", autrement dit ayant visuellement la même qualité qu'un flux non-compressé récupéré à partir d'une sortie HD-SDI. Bien évidemment tout ceci reste à démontrer, mais il s'agit de toutes les façons d'un saut qualitatif considérable par rapport aux PMW-350, PMW-200 ou EX-3, qui doivent toutes se contenter du codec MPEG2 Long GOP à 35 Mbits/sec. et en 4:2:0. Sans parler de la F3, dans le segment "cinéma numérique", qui se retrouve, elle aussi, affligée de ce codec...
Quelles sont les conséquences industrielles d'une telle évolution ? Ce qu'on retire de ces mises à jour à répétition c'est surtout l'idée que les caméras peuvent désormais voir leurs performances améliorées par une simple mise à jour de leur firmware. En suivant ici David Shapton, on peut dire qu'il existe tout de même des zones d'ombre quand à la manière dont les constructeurs procèdent à ces mises à jour car, dans un processus d'industrialisation normal (ce qui est le cas aussi pour du matériel professionnel), les codecs sont contenus dans des circuits spécialisés, ASIC en général. Dans du matériel produit en petite quantités, l'encodage et le décodage sont dévolus à des FPGA (Field Programmable Gate Arrays) lesquels peuvent être programmés à nouveau et sont capables de faire tourner leur micro-programme à la vitesse du hardware.
Conclusion : ou bien Sony a commencé à utiliser des FPGAs dans ses caméras (peu probable en raison du coût de ces circuits), ou bien la firme japonaise a développé des circuits capables de fonctionner avec de nombreux codecs, ceux de Sony surtout, et la mise à jour du firmware consiste seulement à débloquer certaines de ces capacités (ici la possibilité de travailler avec un codec XAVC à 100 Mbits/sec.). En gros, acheter une caméra aujourd'hui revient à acheter le software qui va avec. Si le constructeur est réactif et dispose d'un gros potentiel industriel, le logiciel (et la caméra) ne peuvent que s'améliorer. On a vu l'étendue du champ ouvert par des hackers particulièrement doués (Magic Lantern) autour du 5D Mark2 puis du 5D Mark3. Idem pour les GH2-GH3 de Panasonic (en sera-t-il de même pour le GH4 ?). Pour le moment personne ne s'attaque à Sony. La firme aurait-elle des micro-programmes particulièrement opaques, ou bien ses produits n'intéressent-ils tout simplement personne ? A suivre...
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