En attendant, voici selon moi quelques (bonnes) lectures pour l'été :
- Cinéma, mode d'emploi. De l'argentique au numérique, par Jean-Louis Comolli et Vincent Sorrel, chez Verdier (2015)
- Pourquoi aime-t-on un film ? par Alessandro Pignocchi, paru chez Odile Jacob (2015)
On peut voir aussi la présentation du livre par l'auteur, sur son blog : Puntish
On peut voir aussi la présentation du livre par l'auteur, sur son blog : Puntish
- Techniques et technologies du cinéma. Modalités, usages et pratiques des dispositifs cinématographiques à travers l'histoire, sous la direction de André Gaudreault et Martin Lefebvre, aux PUR (2015)
Et, pour finir, je ne résiste pas au plaisir de rajouter une longue citation, tirée du livre de Comolli et Sorrel, qui situe bien, me semble-t-il, la problématique du spectateur et son rapport à l'objet cinéma :
"Le cinéma n'est pas là pour achever les faibles et faire triompher les puissants. Pourquoi ? Les spectateurs eux-mêmes sont parmi les faibles, d'une manière ou d'une autre, et le savent, qu'ils le dénient ou non. Et les puissants ne vont au cinéma que pour mieux mépriser ceux qu'ils méprisent déjà. Il se peut, bien sûr, que la faiblesse ordinaire d'un spectateur soit redoublée ou confirmée par l'état d'incapacité où le place le dispositif cinématographique, il se peut que ce spectateur désire par quelque côté compenser sa difficulté de vivre par la toute-puissance prêtée aux hyper-personnages actuels. C'est un choix où rien n'est obligé. Je peux choisir à tout moment le pire, ce qui me console de mon aliénation ordinaire par une aliénation plus grande encore (les jeux vidéos en donnent l'exemple) ; je peux choisir au contraire de jouir de la revanche symbolique ou morale que les faibles prennent sur les forts, l'esprit de ruse (Ulysse, Charlot, Toto) sur le mépris des puissants. Notre hypothèse politique est que le spectateur se trouve en réalité, hors de la salle, dans une situation sociale ou personnelle plus ou moins difficile : nous le sommes tous ; en crise : nous le sommes tous. Et que la séance de cinéma opère non pas tant comme scène de compensation que comme moment de pause, de suspens, où les pressions du dehors sont atténuées, allégées. Il arrive donc que ce spectateur légèrement décadré puisse de nouveau, pour un moment, retrouver le goût de la liberté. Le spectateur, tout spectateur, est supposé et posé par le cinéma comme l'alter ego d'un autre spectateur, l'alter ego de ceux qui font les films, qui ne sont pas des êtres supérieurs" (p.209).
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