The forgotten ancestors of virtual reality, par Barnabas Nanay sur le site INDE : http://www.indestry.com/blog/2016/1/7/the-forgotten-ancestors-of-virtual-reality
INDE
est une société britannique spécialisée dans la création d’environnements de réalité
augmentée et de réalité virtuelle à destination de musées, d’évènements
‘corporate’ et pour une intégration dans la production cinématographique
commerciale.
Sur
le blog du site d’INDE se trouve cette contribution de B. Nanay sur les
panoramas mobiles, invention du 19ème siècle qui ne concerne donc
pas directement l’activité de cette société mais qui présente un intérêt sur le
plan historique, car elle met en perspective la fascination qu’ont exercée sur
les foules les innovations technologiques dans le spectacle depuis les débuts
de l’ère industrielle. Les panoramas étaient en quelque sorte une expérience
‘multimédias’ pour les publics du 19ème siècle. Dans leur forme la
plus élémentaire, ils étaient composés d’énormes rouleaux de canevas peints qui
étaient déroulés devant le public. Un ou plusieurs comédiens se chargeaient de
l’interprétation des scènes ou de lire simplement des commentaires, pendant que
l’on jouait de la musique et que des techniciens se chargeaient de la
production d’effets visuels ou sonores.
L’auteur
nous décrit plusieurs sortes de panoramas mobiles, en commençant par le travail
de peintre et d’illustrateurs de la fin du 18ème siècle, qui
présentaient leurs réalisations sur des surfaces cylindriques. Le développement
des panoramas, en tant qu’attractions spectaculaires payantes susceptibles
d’attirer des foules, va donner lieu à de multiples variantes : cosmorama,
noctorama, paleorama voire mareorama, dont un exemple sera mis en œuvre pendant
l’exposition Universelle de Paris, en 1900.
Les technologies des panoramas elles-mêmes ont évolué tout au long du 19ème
siècle, particulièrement à partir de l’invention de la photographie. Ils
disparaitront progressivement, cependant, à mesure que leur plus sérieux
concurrent, le cinématographe, se développera et s’établira en tant
qu’industrie culturelle dominante.
Les
panoramas sont présentés par l’auteur comme étant les ancêtres des systèmes
immersifs qui se développent de nos jours, et qui semblent trouver des
applications jusque dans les musées : http://www.bbc.co.uk/rd/publications/whitepaper212
La
perspective historique de l’article s’arrête là cependant, alors que le sujet
pourrait permettre de développer une réflexion autour de cette curieuse
récurrence du spectaculaire optique depuis les débuts des sociétés
industrielles et jusqu’à nos jours. L’historien des médias Erkki Huhtamo a
étudié cette question dans une perspective culturelle, à partir justement de la
fascination renouvelée des publics pour ce qu’il a désigné comme des « illusions
en mouvement »[1].
Huhtamo a effectué des recherches, en particulier grâce à Google Books, qui lui
ont permis de retrouver des ouvrages et des documents oubliés depuis longtemps[2].
Ceci lui a montré, dit-il, « à quel point le panorama mobile avait eu une
influence sur la culture populaire de l’époque en tant que phénomène
discursif. » Et Huhtamo poursuit : « J’ai profité de bien
d’autres bases de données en ligne, aussi mon livre est devenu une contribution
au champ émergent des humanités numériques.»
Il
est intéressant de voir comment notre propre conception de la modernité et de
ses artéfacts, dispositifs, etc. ne peut se défaire d’un retour sur des
machines qui mettent en œuvre une ‘mécanique’ de la représentation qui semble
fonctionner autour de quelques idées fortes, telles que : immersion,
interaction, ou illusion. C’est le cas de nombreuses installations intégrées
dans des parcs d’attraction. Le « tumulte » d’Andreas Koch, mis en
œuvre par la société Cortex[3], à
Angoulême, en est un exemple frappant. Le « tumulte » n’est rien
d’autre qu’une version numérique et circulaire du panorama. L’effet immersif
est assuré par une certaine dose d’interactivité (par le biais des capteurs des
Kinects disposées tout autour de l’installation) et la stéréoscopie devenue
l’argument ultime, bien que déjà daté, pour accentuer l’effet de réalité.
[1] Erkki Huhtamo, Illusions in motion:
media archaelogy of the moving panorama and related spectacles (Cambridge
(Mass.), Etats-Unis d’Amérique, 2013).
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