Je n'ai pas pu résister à ce titre emprunté à Peter, de Camera Doe. Une formule qui résume bien d'ailleurs les interrogations que n'importe quel chef opérateur, un peu sérieux, pourrait se poser après avoir vu ce dernier joujou estampillé Sony au SATIS et lu les commentaires dithyrambiques d'un certain nombre de blogueurs du Net lesquels n'ont parfois pas même touché à l'engin.
Première interrogation : comment fait-on pour sortir une machine qui, sur le papier est plus performante que des caméras à 20K € et qui coûte moitié moins ?
Deuxième interrogation : si les caméras qu'elle enfonce de la sorte sont celles qui viennent juste de la précéder dans la gamme de la marque, est-ce que cela signifie que le constructeur a décidé de tirer un trait sur plusieurs machines qui, jusqu'à présent, étaient associées à une opération de promotion du cinéma numérique en Super-35mm par le dit constructeur ?
Nommément : est-ce que la FS-100, la FS-700, la F3 et la F5 vont voir leur carrière s'arrêter ici ? Quelle est la logique industrielle qui sous-tend alors une telle démarche, si logique il y a ? On peut penser que cette logique est simple : alors que la marge des constructeurs se réduit, il faut trouver le moyen de produire des machines de haute technologie à des coûts moindres. Et pour rester compétitif sur un marché en voie de saturation, la seule possibilité d'ajustement reste le coût de la main d’œuvre. Or pour cela la Chine reste compétitive, avec des salaires bien moins élevés que dans le reste des pays industrialisés, Japon compris. Sony ne fait donc que suivre la voie tracée par la plupart des électroniciens du globe...
En fait, et sans trop m'attarder sur les piques anti-chinoises de Camera Doe, il faut bien remarquer qu'un certain nombre de détails dans la construction même de l'engin montrent que des choix tendant à en diminuer les coûts de fabrication ont bien été réalisés - la coque majoritairement en plastique, en particulier, les connecteurs d'entrée-sortie peu nombreux, un firmware à mettre à jour par la suite mais ça on a l'habitude... Sans doute le fait de pouvoir mettre sur le marché une caméra S-35 avec des capacités 4K et un prix liste à moins de 10K € était un impératif pour Sony au moment où la plupart de ses concurrents s'installent sur un marché "low cost" qui apparait comme la solution, à court terme, à la crise du broadcast. Confronté à Blackmagic, à JVC, ARRI (Cion) ou même à Panasonic (avec le tout récent GH4), il fallait au constructeur japonais une réponse rapide et séduisante sur le papier. Mais de là à couler un tout nouveau produit tel que la F5 ? Il faut sans doute qu'il y ait le feu dans la maison pour qu'on sorte une caméra estampillée 4K, un an et demi après une autre caméra qui était censée représenter le milieu de gamme du constructeur dans le domaine très disputé désormais du Super-35 en numérique. Bien sûr, la F5 est supposée se trouver un cran au-dessus, mais pourquoi débourser aujourd'hui deux fois plus si on nous promet avec la FS7 des performances comparables moyennant quelques ajouts d'équipements tel qu'un enregistreur externe 4K (le Shogun d'Atomos, par exemple) ?
Ce genre d'interrogations agite un peu toutes les communautés d'utilisateurs d'équipements Sony en ce moment, et pour un certain nombre d'entre eux (ceux qui ont acheté une F3 ou une F5 il y a peu de temps, par exemple), la potion parait un peu amère...
ADDENDA : On pourra consulter avec profit une étude très complète d'Alister Chapman sur l'index d'exposition de la FS7, publié sur son site : xdcam-user.com.
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