vendredi 16 août 2019

Netflix, Canal+ et la Nouvelle télévision

Netflix a-t-il tué Canal + ? Ou plus exactement les nouveaux réseaux de communications ont-ils rendu définitivement obsolète le modèle de la chaîne de télévision cryptée avec son pool d'abonnés captifs ? La question des technologies est certainement au coeur du problème, mais pas seulement, puisque les stratégies d'entreprise sont toujours, quelque part, à mettre en relation avec la manière dont un système complexe, tel que celui de la télévision, est amené à évoluer dans un environnement en mutation rapide.

Les mauvaises nouvelles s'accumulent, en effet, pour le Groupe Canal. L'an dernier, les médias titraient déjà, sur l'effondrement des résultats de la chaîne[1]. Les chiffres publiés en 2018 montraient ainsi un résultat d’exploitation passant d’un bénéfice 157 millions d’euros en 2014 à une perte de 128 millions en 2017.
Des résultats qui n’empêchaient pas pour autant Vincent Bolloré d’afficher un optimisme à toute épreuve, le champion des restructurations sauvages[2] estimant alors que « la relance des activités en France et le redressement des chaines payantes se poursuit ».
Le redressement en question n’a manifestement pas suffi puisque le Groupe a annoncé, début juillet 2019, qu’il allait mettre en œuvre un plan de départs volontaires concernant 500 salariés[3].
L’autre mauvaise nouvelle pour Canal+ c’est que son avance technologique en matière de programmes à péage ou « on demand » a fondu comme neige au soleil sous l’effet Internet et sans que le groupe ait jamais paru prendre réellement la mesure de la révolution en cours en matière de distribution et de diffusion de programmes sur le réseau. En ce sens, Netflix est le nouveau « player » qui a rebattu les cartes en imposant son modèle, basé uniquement sur une diffusion par le Net. L’autre idée, peut-être géniale, des promoteurs du service américain de pay-TV a été de se débarrasser de la lourde gestion du hardware de diffusion en le confiant à des data center disséminés sur la planète, et surtout à ceux d’Amazon Web Services (AWS), en imposant ainsi un modèle de coopération prenant ses sources dans la théorie des jeux.
Il reste toutefois à comprendre quelle architecture ont mis en place les ingénieurs de la firme américaine. Celle-ci est basée sur une architecture de micro-services, ce qui signifie que chaque application, ou code et ressources du micro-service lui appartiennent.