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vendredi 14 février 2014

BTS Métiers de l' Audiovisuel : la casse en continu

Bien qu'ayant décidé, depuis un certain temps déjà, de ne plus m'intéresser aux soubresauts d'un cursus de formation - ou peut-être d'un "système" ? - qui me parait déjà bien gangrené et de moins en moins crédible (voir l'article Changement de cap ?), je ne peux m'empêcher de me faire l'écho des préoccupations de certains collègues qui, au vu des dérives du système, se transforment de temps en temps en whistle blowers, histoire de dire, un jour, "on vous aura prévenus". Voici donc un petit texte émanant d'un collègue d'un établissement public proposant cette formation en BTS Audiovisuel, et qui exprime déjà assez clairement, me semble-t-il, ce qu'un certain nombre d'intervenants, enseignants certifiés ou contractuels, pensent depuis un certain temps déjà. 
Je ne souscris pas à tout ce qui est écrit ici car, sur certains points, je ne peux m'empêcher de penser qu'il est temps de faire évoluer les mentalités à l'intérieur du mammouth. Je n'ai rien contre, en particulier, la volonté d'intégrer des bacs pro en plus grand nombre et je n'ai rien non plus contre les quotas. Mais ce texte exprime bien, à mon sens, les inquiétudes d'une partie de la profession, confrontée à la dévalorisation de fait d'une formation qui est, tout de même, la seule véritable porte d'entrée aux métiers techniques du cinéma et de la télévision.
J'aurais certainement préféré une réflexion d'ensemble sur les conditions qui pourraient permettre à cette formation d'évoluer et de s'adapter aux transformations de l'ensemble du système socio-économique et technique des médias. L'Education Nationale ayant fait, comme d'habitude, la preuve qu'il était impossible de réformer un système de l'intérieur, il ne reste plus qu'à attendre, patiemment, les prochains soubresauts de la bête et gageons que, cette fois, nous n'attendrons pas dix ans...

Rémi, je te laisse lire et puis tu pourras mettre en ligne, si tu veux:

Donc, outre le passage à 15 par option puis à 18 par option qui va pendre au nez de tous les BTS AV d'ici quelques années (avant 5 ans, sans doute), il y a DES MAINTENANT la modification du système APB pour privilégier l'arrivée des bacs pro en BTS AV !

Un tiers des places sera dorénavant réservé aux bacs pro et ce, malgré le taux d'échec des étudiants issus de bac pro à l'examen de BTS AV (taux d'échec énorme en dépit de la bienveillance coutumière des jurys et du rattrapage).

C'est également du pain béni pour les BTS privés, qui vont voir arriver bien plus d'étudiants issus de Bac normaux (je devrais dire de "vrais" BAC, même si c'est pas très sympa... mais cela aurait le mérite d'être honnête et, surtout, cde correspondre à la réalité)... non seulement ce seront les seuls établissements qui continueront à avoir un BTS "national" (les BTS publics, du fait du passage en contrôle continu, ont déjà été répertoriés par les professionnels pour ne bientôt plus délivrer que des diplômes d'école) mais ils auront en plus un apport d'étudiants ayant un niveau bien supérieur aux Bac Pro à l'entrée.

Je ne jetterai pas la pierre aux contractuels et autres précaires, mais l'apathie générale des enseignants en BTS AV au niveau national est profondément coupable ! Par peur de se faire taper sur les doigts (un certifié ne risque pas grand chose de plus que çà !), ils laissent le BTS AV (ainsi que le diplôme de ceux qui l'ont obtenu... depuis le début de son existence) se faire défoncer et rabaisser. A terme, cela donnera un excellent argument aux recteurs pour fermer ces BTS, lorsque la prochaine vague d'économie viendra.... Ce n'est pas comme si cela n'avait pas déjà été tenté dans certaines académies ces dernières années !

La mobilisation contre la fusion des deux options, il y a trois ans, je le rappelle, n'était qu'un écran de fumée, destiné à vérifier les éventuelles réactions du corps enseignant... Une fois que la "faible" mobilisation a fait reculer cette fusion en carton, il était facile de dire "on a gagné" et d'accepter les vraies réformes: contrôle continu (CCF), réduction des heures (de 2 à 10h par semaine selon les BTS) lors du passage au nouveau référentiel et, enfin, inflation des effectifs.
Un enseignant en BTS Audiovisuel

dimanche 8 août 2010

Le Ministère cogite !

On sait que certains "décideurs" sont déjà à l'oeuvre avec pour mission la définition d'un nouveau référentiel... et accessoirement enterrer une certaine manière d'enseigner l'audiovisuel. Le MESR, de même, a ses propres spécialistes du rapport en n exemplaires. En voici un, plutôt récent, qui s'intitule : Eléments de réflexion sur les formations technologiques courtes et tout particulièrement les sections de techniciens supérieurs

mercredi 7 juillet 2010

2ème contribution


Nouveaux métiers ou bien nouvelles qualifications pour le technicien de l’audiovisuel ?
Une refonte du Référentiel doit conduire à une réflexion plus large concernant l’existence même de cette STS dans sa forme actuelle et dans son positionnement par rapport aux industries du cinéma et de l’audiovisuel (par audiovisuel entendons : chaînes de TV, producteurs et prestataires techniques).
Une vision en termes de « métiers » - celle qui a prévalu jusqu’à ce jour – est à mon sens largement dépassée. On doit lui substituer celle de « compétences » - toujours en évolution.
Pour cela, il faut certainement abandonner l’idée d’un BTS à 5 options et une spécialisation à partir de définitions figées des « métiers » de l’audiovisuel (des idées qui ont déjà été mises en avant depuis plusieurs années).
Il faut développer l’idée de « formations », toujours en évolution (contenus adaptables, donc) et avec des passerelles de l’une à l’autre.
Les spécialisations étroites devraient disparaître (c’est déjà ce qui se passe sur le terrain pour les opérateurs ayant une formation « Image »). Il ne s’agit pourtant pas de polyvalence ! Il faut redéfinir, au contraire, le champ des enseignements de spécialité et celui des enseignements conduisant à une certaine transversalité entre les formations (toute la problématique IT à prendre en compte, bien entendu, puisque c’est la première qui vient à l’esprit).
Que deviennent les enseignements généralistes ? Moins de DLA, c’est certain (en tous cas, il n’est plus possible de continuer cet enseignement dans sa forme actuelle). En revanche, introduction d’un véritable enseignement à l’analyse de la télévision (à ce sujet, on peut déjà se tourner vers les travaux de François Jost, par exemple).
Refonte des enseignements de physique et de TES, en vue d’une meilleure prise en compte de la problématique IT et réseaux, mais aussi du traitement numérique de l’image et du son (et donc une approche double : signal et traitement de l’information).

On pourrait imaginer (par exemple) 3 intitulés de formation, rassemblant plus ou moins l’essentiel des qualifications requises à l’intérieur des organisations travaillant dans l’audiovisuel :
- Administration de systèmes audiovisuels en réseau
- Création et production sonore pour l’audiovisuel
- Prise de vues et trucages : tournage et post-production

Il est logique que sur ce blog on s’intéresse plutôt à redéfinir de nouvelles orientations pour les « spécialistes » de l’Image. Comme indiqué plus haut, un axe de réflexion pourrait conduire à imaginer une fusion entre l’enseignement des techniques de prise de vues et la post-production.
De quelle manière ? Dans quel cursus ? Quelle durée ? C’est bien évidemment ce qui reste à définir, et les quelques idées développées à la suite ne peuvent servir que de point de départ pour la réflexion…

Prise de vues et effets spéciaux : tournage et post-production

Rassembler des intitulés en apparence aussi éloignés l’un de l’autre dans une même spécialité demande des éclaircissements :
- Remise en question des spécialisations formées autour des métiers classiques du cinéma comme socle majeur de formation technique à l’audiovisuel (type BTS)
- Recherche d’une cohérence par la création d’une chaîne unique de captation, de traitement et de finition de l’image numérique : de la prise de vue à la conformation, en passant par le montage, les effets spéciaux et l’étalonnage
- D’une manière générale, ce qui est en jeu : intégration dans la formation des développements du cinéma numérique et de la HD. Ces technologies doivent servir de socle commun aux techniciens de la chaîne Image. Leurs problématiques esthétique, économique et technique serviront de fondement à la formation.
- Dès lors, le process dans une filière entièrement numérique est connu :
Captation en HD ou 2K/4K
Duplication des rushs en SD et/ou HD
Montage en virtuel
Conformation en HD ou 2K/4K
Etalonnage en HD ou 2K/4K
Elaboration du PAD HD (ou master en numérique 2K/4K)
Shoot du master en 35mm pour le tirage des copies argentiques

Un tel schéma de production ne peut exister, à l’intérieur d’une filière audiovisuelle, qu’en adoptant une approche synthétique de la formation :
- Recentrage autour des spécificités technologiques, en prenant en compte le caractère particulier de la captation en cinéma numérique
- Evolution de certains métiers : l’assistant opérateur ou certains cadreurs pourront être amenés à travailler dans une nouvelle spécialité, l’opérateur vision (ou DIT dans les pays anglo-saxons)
- Les systèmes organisés autour de la télévision ne sont plus les seuls pourvoyeurs de travail -> importance des laboratoires et des structures de post-production, ou encore des studios travaillant avec des systèmes de prise de vues spéciaux.
- Conséquence : disparition du cadreur en reportage qui laisse la place à un technicien Image aux compétences désormais centrées sur le workflow et la gestion des données en production et en post.
- Ici aussi, une double compétence signal et IT est requise.
- En montage, on peut considérer comme étant close la question de la révolution du numérique.
- La banalisation du travail technique du montage (des logiciels facilement accessibles, un travail routinier au sein des grosses structures) implique aujourd’hui la prise en compte de l’environnement technique de la post-production tout entier.
- C’est pourquoi il peut paraître intéressant de ne plus former des monteurs mais des techniciens qui connaissent l’intégralité de la mise en place et la gestion technique d’une production, jusqu’à la phase finale de la conformation et de l’étalonnage.
- Dans un tel schéma, il sera difficile de conserver leur place actuelle aux enseignements non technologiques et scientifiques.

A suivre…

mardi 6 juillet 2010

Contribution : Formations à l’audiovisuel et qualifications


Quelques éléments de réflexion sur l’évolution des métiers et la formation :

- D’abord, il faut préciser le contexte : audiovisuel, industries cinématographiques, production institutionnelle et multimédia… Qu’est-ce que cela veut dire ?
- Ensuite, il faut dire ce que l’on entend par « métiers » : ce terme recouvre-t-il une spécialité, des savoir-faire, des compétences… bien identifiés. Ou bien fait-il référence à un secteur d’activité spécifique : la production cinématographique, le multimédia, l’intégration web, la gestion et la diffusion des médias, etc.
- Enfin, quel que soit le secteur d’activité considéré, il faut s’interroger sur les évolutions à court et à moyen terme : d’abord l’impact des transformations économiques sur la structure elle-même et sur l’emploi (effet du « Big bang » de l’audiovisuel en 1982, soutien massif aux industries cinématographiques, concentrations, délocalisations, transformation des statuts et des conditions de travail…)
- Et bien sûr l’impact des évolutions technologiques sur les conditions de la production (cinématographique et audiovisuelle), sur la structure industrielle elle-même (les entreprises et leur champ d’activité) et sur l’emploi (les métiers, les évolutions professionnelles, les besoins en formation…)

Une fois qu’on a posé ces quelques idées, on peut commencer à cerner les secteurs d’activité et le rôle de la formation – ou du moins essayer de situer les formations de type technologique dans ce contexte. Donc, bien évidemment, plusieurs questions :

- Impact général des transformations technologiques sur les qualifications, les compétences et les emplois
- En parallèle : impact de la technologie sur l’infrastructure technique de la télévision (la télévision considérée comme étant le « network », c'est-à-dire le réseau de distribution et de diffusion des programmes)
- Mais aussi : impact de la technologie sur la fabrication des programmes (comment le montage non-linéaire et les structures de production en réseau ont transformé les conditions de la post-production image et son, comment l’apparition du cinéma numérique est en train de changer définitivement le rapport des techniciens et de la production à l’image de film elle-même, comment le Web est en train de changer le rapport des diffuseurs aux contenus, à leur accès et à leur présentation…)

En fin de compte, quel est le rôle de la formation, et singulièrement de la formation aux techniques, dans un contexte où on pourrait parler d’une structure socio-technique en mutation ?

- Donc, il faut essayer de dresser un constat : adaptation et adaptabilité des formations (autrement dit, les formations sont-elles adaptées et/ou adaptables ?), contenu des formations (est adéquat, doit évoluer, est à réévaluer complètement…)
- Structure des formations : bac + 2, bac + 3… Définition des spécialités (des options, mais autour de quelle définition des « métiers » ? Un tronc commun, pour qui et pour quoi ?)
- Relations avec l’industrie : à qui s’adressent ces formations ? Quel est le lien entre les besoins en formation des entreprises et l’offre actuelle, publique et privée ?
- Et donc forcément la question : à quoi ressemble la structure industrielle actuelle de l’audiovisuel ? Avons-nous d’un côté des producteurs et de l’autre des distributeurs et des diffuseurs ? Peut-on être à la fois producteur et diffuseur ? Quelles sont les implications en termes d’emploi et de formation ?
- En réalité, entre la production et la diffusion/distribution il y a un troisième secteur à considérer, celui des services de post-production (montage, mixage audio, étalonnage, duplication, maintenance… et même développement) qui est peut-être aujourd’hui celui dans lequel les perspectives d’emploi et les besoins en formation sont les plus importants. Et paradoxalement c’est là où, semble-t-il, les formations à l’audiovisuel ont le plus de mal à définir des axes d’acquisition de connaissances et de qualifications en rapport avec les besoins du secteur.
- Partant, une question (parmi d’autres) pourrait être la suivante : doit-on continuer à définir des axes de formation à partir des métiers, ou bien cette vision classique doit-elle laisser place à une formulation en termes d’acquisition de compétences ?
- Autrement dit (pour être clair) : on continue à former des « opérateurs de prise de vues » ou bien on forme des techniciens dans un cursus modulable (et forcément plus étendu) dans lequel « une certaine formation » à l’image (laquelle ?) est une option parmi d’autres : c'est-à-dire qu’ici, il faut très certainement remettre en question l’axiome fondateur de « la caméra » pour lui substituer une vision élargie de « Gestionnaire technique des données Image » ; c'est-à-dire un technicien dont les compétences s’étendraient des conditions matérielles de la prise de vues (préparation technique et maintenance des équipements, contrôle du signal et des données) à la gestion des médias enregistrés (et donc à leur suivi en post-production : étalonnage, encodage, gestion des métadonnées…). Tout ceci devient très réel dès que l’on s’intéresse aux conditions de travail entraînées par les développements conjoints de la HD et du cinéma numérique…
- Par ailleurs, on continue à former des « monteurs » ou bien on intègre, dans la post-production, l’idée qu’un technicien d’un bon niveau est amené à faire du montage mais aussi de la duplication, de la mesure de qualité, de l’encodage pour différents supports de diffusion ainsi que la gestion des médias en réseau…
- Enfin, peut-on penser vraiment à former des techniciens de « direct » (ce que voudraient être les techniciens actuellement formés en Exploitation) lorsqu’on sait que le tournage d’émissions en direct, à la télévision, est tributaire des conditions locales de la production, d’une expérience acquise sur le terrain et de compétences spécifiques sur les équipements utilisés ? Dans ce dernier cas, il semble plus réaliste de spécifier un axe de formation à dominante technologique, plus en accord avec les besoins réels des secteurs spécifiés plus haut, et aboutissant à une qualification de type « Ingénieur système » à bac + 3 (au moins). Bien entendu, les priorités de la formation actuelle (particulièrement en STS) devraient être revues, sans doute dans le sens d’une prise en compte de l’évolution des infrastructures techniques de la production, de la post-production et de la diffusion : solutions de fabrication (habillage graphique, archivage et consultation du signal), technologies de stockage et de partage des médias, gestion de la diffusion (contrôle, distribution du signal), solutions de transmission du signal (ATM, Internet, BLR, réseaux mobiles…), encodage et gestion des formats (dans le cadre des spécifications MHEG/MHP), gestion des métadonnées (acquisition, archivage, distribution, transmission…).

On voit bien que la liste est longue dès que l’on entre dans les spécificités de chaque « métier » pour dresser une liste des compétences à acquérir. Il paraît plus réaliste, à terme, d’adopter une approche transversale des questions de formation technique à l’audiovisuel : abandon des spécialités liées à une perception historique des métiers de l’audiovisuel, retour à un socle technique et scientifique en rapport avec les développements conjoints des techniques informatiques et des réseaux dans les secteurs de l’audiovisuel et de la production cinématographique, modularité de la formation, avec la possibilité, par exemple, d’effectuer un cursus diversifié : acquisition d’une spécialisation de type « Ingénierie des médias et Image » pour certains, « Post-production audionumérique et création multimédia » pour d’autres, etc. Bien évidemment, il est difficile de définir ici vers quels cursus on pourrait s’acheminer. On peut simplement montrer quelques directions…
Une nouvelle définition des qualifications et des compétences à acquérir dans un cursus technologique lié à l’audiovisuel et à la gestion des médias ne remet pas réellement en cause les spécialités professionnelles actuelles existant à la télévision et dans la production cinématographique : ainsi, pour les techniciens de la production audiovisuelle (convention collective de 1988), un Ingénieur de la vision demeure une option professionnelle reconnue, de même que, dans la filière Image, un Superviseur d’effets spéciaux ou un Opérateur spécial (Ex. : steadicamer) ont toutes les raisons d’exister. Ce sont les voies d’accès à ces métiers qui doivent être revues et probablement disparaître, en tant que telles, des cursus des formations technologiques longues.

Gestalt
20/03/2009