Question donc : peut-on mettre en rapport, dans un enseignement sur le cinéma, des approches qui se concentrent sur "l'art cinématographique" comme corpus esthétique et technique (comme le font Bordwell et Thompson dans L'Art du film) et une philosophie de l'image animée ? Peut-être faut-il se contenter d'analyser "ce que le cinéma donne à penser à la philosophie", selon Paola Marrati, qui ajoute : "C'est une fausse apparence qui nous fait croire que le cinéma, "art" technique, rentrerait dans le cadre de ce double mouvement qui fait que l'homme devient sujet en même temps que le monde lui-même devient image. Le cinéma ne convoque pas un monde-image devant le regard d'un sujet-spectateur. Le propre du cinéma est au contraire de produire des images qui sont irréductibles au modèle d'une perception subjective. C'est par rapport à ce contexte général qu'il faut comprendre les analyses de Deleuze sur le statut de la perception cinématographique, son rejet des approches réalistes et phénoménologiques, qui présupposent - directement ou indirectement - une théorie de la représentation, ainsi que l'importance fondamentale qu'il accorde au premier chapitre de Matière et mémoire de Bergson" (Gilles Deleuze, cinéma et philosophie, p. 9, PUF, Paris 2003). Les images-mouvement de Deleuze existent dans un univers dans lequel il n'y a pas de centre et où les images sont à elles-mêmes perception. La perception consciente serait alors une "image vivante", capable d'effectuer une sélection dans le mouvement de toutes les autres images. Quelle place faut-il alors accorder à l'inconscient dans ce travail de toutes les images, sur toutes les images, pourrait-on demander après avoir vu Inception ?
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