lundi 10 mars 2014

4K Media Player : des solutions pour l'enregistrement en 4K et UHDTV

Après Sony et son Media Player 4K, dénommé FMP-X1, des solutions d'enregistrement concurrentes apparaissent sur le marché de la TV-UHD, alors que le prix des écrans est en chute libre. Ainsi, une firme chinoise, RONBEN, vient d'annoncer un lecteur fonctionnant avec le système d'exploitation Android et capable de décoder du H.265 à la résolution DCI 4K (4096x2160). On ne connait pas encore le prix de ce boitier qui semble conçu pour le streaming autant que pour l'enregistrement des programmes.

Par ailleurs, Sony et Panasonic ont annoncé conjointement aujourd'hui, par communiqué de presse, avoir mis au point ("formulated") un nouveau standard d'enregistrement pour l'archivage des données à usage professionnel. Il s'agit de préconisations pour le développement futur de disques optiques professionnels. Ceci fait suite à l'accord passé entre les deux firmes, en juillet 2013, pour travailler sur le développement d'un tel standard.

La 'feuille de route' pour ce nouveau produit consiste à développer des systèmes ayant des possibilités d'enregistrement par disque de l'ordre de 300 Go d'ici l'été 2015. Par ailleurs, les deux compagnies augmenteront en parallèle les capacités d'enregistrement du support de 500 Go à 1 To.


 On remarquera cependant que, sur le segment "consumer electronics", il existe déjà un format pour le Blu Ray à grande capacité, dénommé BD-XL, capable d'enregistrer jusqu'à 128 Go par face (sur disque read-only) et donc éventuellement susceptible d'accueillir des enregistrements en UHDTV. Samsung a d'ailleurs proposé, récemment, d'utiliser une variété multicouche de BD-XL (triple couche, en fait) pour la distribution de programmes en UHDTV (3840x2160).
Ce qui reste à définir, cependant, c'est quel codec sera finalement utilisé. A l'heure actuelle c'est HEVC ou H.265 qui tient la corde, surtout en raison de sa capacité à compresser de manière plus efficace que MPEG4-AVC/H.264. Ainsi, la technologie HEVC pourrait compresser des films en 4K dans des fichiers de 80 à 90 Go, ce qui signifie que des supports de 100 à 128 Go pourraient suffire.
Evidemment, la question est loin d'être tranchée, car de sérieux doutes subsistent sur les possibilités de produire des BD-XL multicouches en grande quantité. D'autre part, une autre inconnue concerne la volonté des studios de faire évoluer les normes actuelles de protection (HDCP, AACS, BD+ et BD-ROM) pour les adapter à l'UHDTV.

vendredi 28 février 2014

Dudley Andrew : Une idée du cinéma

"Les mauvais cinéastes (c'est triste pour eux) n'ont pas d'idées. Les bons cinéastes (c'est leur limite) en ont plutôt trop. Les grands cinéastes (surtout les inventeurs) n'en ont qu'une. Fixe, elle leur permet de tenir la route et de la faire passer au milieu d'un paysage toujours nouveau et intéressant. La rançon est connue : une certaine solitude. Et les grands critiques ? C'est la même chose, sauf qu'il n'y en a pas. Ils passent (leur chemin, de mode, derrière la caméra), ils cassent (la baraque, puis les pieds) et pour finir, ils lassent. Tous, sauf un. Entre 1943 et 1958 (année de sa mort : il n'avait que quarante ans), André Bazin fut celui-là. (...) Dans la France de l'après-guerre (...) Bazin fut à la fois héritier et précurseur, figure de proue et passeur."
- Serge Daney, 19 août 1983, dans Ciné journal. 1981-1986, p.172.

A quelques heures de la 39ème cérémonie des Césars, le rallye habituel des habitués du grand et du petit écran, il me semble intéressant de signaler ici la traduction du livre de Dudley Andrew, What Cinema Is! qui vient de paraitre sous le titre Une idée du cinéma dans une collection belge, (SIC), distribuée en France par les Presses du Réel. 
Quel rapport avec les Césars ? Eh bien, parce que la réflexion de Dudley  Andrew s'articule autour d'une tentative pour repenser la théorie du cinéma au moment où se produit une transformation complète de la sphère médiatique, aussi bien dans le domaine de la production, des thématiques abordées que des technologies utilisées. Pour D. Andrew, exégète et biographe d'André Bazin, la quête qui consiste à retracer le chemin qui mène du passé au futur de cet art incertain ne doit pas être abandonnée. Bien plus, et alors que s'achève aujourd'hui la transition vers le numérique, le cinéma porte toujours "une revendication de réalisme comme nul autre art n'avait été en mesure de le faire auparavant." (p.28) Ce qui signifie que les stratégies que le cinéma a inventées comme exemplaires d'une certaine manière de raconter des histoires (la profondeur de champ, les mouvements d'appareil ou le plan séquence) sont toujours à l’œuvre aujourd'hui, et ce quelles que soient les technologies, les styles et les genres particuliers. 
Le livre de Dudley Andrew s'articule autour de trois idées, qui recouvrent trois domaines d'investigation correspondant aux trois phases qui décrivent la vie et les différentes étapes marquant la transformation de l'idée à sa réalisation finale : l'enregistrement, la composition et la projection. Dans la division du travail telle qu'elle apparaissait dans le cinéma classique, chacune de ces phases pouvait être associée à un appareil : la caméra, la table de montage, le projecteur. La technologie numérique a supplanté au 21ème siècle ce qui était en fait une machinerie du 19ème siècle. Il s'agit donc de retourner aux opérations fondamentales du cinéma, et de voir ce qu'il en reste, alors que l'idée même d'une continuité du réel dans la représentation par le cinématographe est aujourd'hui remise en question.
Pour finir, dans un chapitre qui a pour thème "l'impureté inhérente au cinéma et son penchant pour l'adaptation", D. Andrew cherche à identifier les caractéristiques durables de cet art fragile, dont les évolutions passent régulièrement par des étapes significatives tous les trente ou quarante ans.